Salton Sea

1 à 4 joueurs
Auteur : DAVID BERNAL
Illustrateur : AMELIA SALES
Editeur : DEVIR GAMES (vf Iello)

THÈME :

Salton Sea est un lac naturel qui est apparu à la suite de 2 crues du Colorado en 1891 et 1905, noyant complètement la plaine de Salton, créant une énorme mer intérieure dans l’état Californien.

Sel d’une ancienne mer et pesticides ruissellent pendant des années dans ce lac, créant une véritable bombe écologique avec une évaporation importante.

Pourtant ce lac pourrait offrir des ressources pour la transition écologique : le lithium est présent en très grande quantité, et le site est situé sur une fissure de la croute terrestre, permettant l’exploitation de l’énergie géothermique.

Nous jouons donc des entreprises tentant d’exploiter ces ressources : récupérer de la saumure pour la transformer en lithium et ainsi produire des batteries électriques, et capter la  chaleur terrestre pour alimenter la région en énergie propre et renouvelable. Nous pourrons vendre ces produits à des industriels et leur acheter des parts de société, et remplir de juteux contrats de production pour valoriser notre entreprise.

MÉCANIQUES :

Les joueurs posent leurs ouvriers chacun leur tour sur des emplacements d’action personnels (sur leur plateau ou  sur leurs cartes actions), jusqu’à ne plus avoir d’ouvriers. Lorsque tout le monde a passé, une nouvelle manche débute. Les manches s’enchainent jusqu’à ce qu’une des conditions de fin de partie se déclenche : les concessions minières sont vides (plus de cartes) ou 2 des 3 sociétés d’investissement sont fermées. La partie prend alors fin immédiatement.

Le décompte a alors lieu, cumulant les points de victoire gagnés durant la partie, et une plus grande partie encore en fin de partie.

Une particularité intéressante dans ce jeu réside dans le fait que l’argent gagné (sous forme de cartes) comporte également une amélioration d’une action de base du jeu. Ces cartes argent/action peuvent donc soit être dépensées pour payer (et c’est un jeu ou chaque sou compte, ou tout s’achète), ou bien utilisées pour poser un ouvrier et faire une action améliorée, limitant ainsi sa possibilité de payer à ce tour puisque la carte est bloquée sous l’ouvrier. Les dilemmes sont cruels !

A son tour, le joueur réalise 1 action suivant globalement un process de production/vente :

• Acquérir une nouvelle concession minière. 
• Creuser dans la concession pour trouver de la saumure.
• Extraire de la saumure.
• Exploiter la saumure pour en faire du lithium et/ou de l’énergie géothermique.
• Réparer ses machines possiblement cassées.
• Vendre les produits de son industrie aux industriels (saumure, lithium ou géothermie)
• Conclure un contrat.
• Réaliser un contrat déjà conclu.
• Rechercher : acheter une carte d’amélioration de son entreprise.
• Acheter des parts des sociétés industrielles.
• Développer un projet d’affaires : amélioration de son plateau personnel (plus d’ouvriers, plus de stockage)
• Obtenir un financement : gagner 1dollar… l’action du pauvre que vous ferez… sûrement ?… peut-être ?
• Répéter une action. Et oui chaque action ne dispose que d’un emplacement sur son plateau (en dehors des cartes que l’on va récupérer).

Les actions sont nombreuses mais très simples individuellement. La complexité réside dans l’enchainement de ces actions qui ont pour beaucoup un coût, et pour lequel les rentrées d’argent sont rares et peu prolifiques, notamment au début de la partie.

PREMIÈRES IMPRESSIONS :

C’est un jeu économique très tendu, qui offre des choix sur le fil pour chacune de ses actions. Le jeu est exigeant, plutôt froid, mais offre une bonne dose d’interaction indirecte car chaque rangée de cartes n’est renouvelée qu’en fin de manche, certains objectifs de partie sont des courses au premier qui…

L’aspect graphique est épuré (inexistant diront certains) ; il ressemble fortement à un « Beyond the sun » avec ses plateaux blancs non illustrés, mais il en réside une bonne lisibilité des actions. Cependant une bonne partie des icônes est minuscule, et de fait difficilement lisible lorsqu’on ne se trouve pas directement à côté des cartes lors des premières parties. Cet inconvénient vient du fait d’une production du jeu contenue en terme de matériel et de format (moins de 30 euros pour une boite du format de « Château blanc » du même éditeur), et on ne peut que saluer cet effort malgré ces inconvénients de lisibilité.

INTERROGATIONS, REMARQUES, PRÉCONISATIONS :

L’aspect d’enchainement des actions qui semble scripté sur les premières parties, doit laisser place à des tentatives plus originales (et plus risquées) sur l’ordre des actions à effectuer. Le jeu ressemble dans un premier temps à une réussite, où l’on se bat contre le jeu pour survivre économiquement et ne pas sombrer seul en ayant trop investi et sans avoir d’argent pour continuer sa partie. Une fois cette étape passée, il faut envisager des stratégies plus osées, pour optimiser encore l’enchainement des actions, et trouver un réel plaisir à jouer différemment.

La durée de partie est contenue, le jeu se joue bien peu importe le nombre de joueurs comme les rangées de cartes sont établies en fonction de ce nombre, mais il n’y a pas de raison de ne pas jouer à 4 si ‘l’on a la possibilité, l’interaction n’étant que plus intéressante.

EN RÉSUMÉ :

Un pur jeu euro-économique à base de pose d’ouvrier, bien ficelé, avec un dilemme permanent lié aux cartes argent/action que l’on gagne-dépense-utilise au fil de la partie, dans un prix et un format contenu en règles et en matériel.

A la fois un défi personnel et une « mine » d’interaction sur les objectifs, les cartes actions, les cartes recherches, les contrats, les concessions…ou chacun se bat en permanence !